L'alimentation du chat











Les objectifs de cet article, sont non seulement de présenter un résumé de la physiologie alimentaire du chat mais aussi d'aborder quelques pathologies courantes liées à celle-ci. Il est bien évident qu'il s'agit d'un résumé et qu'il est évidemment impossible de tout expliquer en quelques lignes.

Tout d'abord vous constaterez qu'au niveau alimentaire, le chat est très différent du chien. En effet, contrairement à ce dernier qui peut se contenter de trois repas par jour lorsqu'il est jeune et de deux par la suite, notre ami félidé a lui besoin de manger 10 à 20 repas sur une durée de 24 h, il passera donc fréquemment par sa gamelle. Il est aussi très sensible à l'odeur et au goût de sa ration et il peut donc devenir très vite difficile pour manger, de plus, l'environnement est primordial, il faut qu'il soit au calme lorsqu'il consomme ses aliments. En général, il déteste ce qui est amer et adore ce qui contient beaucoup de graisses ce qui n'est évidemment pas bon pour son équilibre. Pour le sucre, l'intérêt qu'il suscite est variable d'un chat à l'autre même si souvent ils ne sont pas très attirés par celui-ci. Finalement, il faut proscrire absolument les oignons qui peuvent donner de l'anémie.

Au niveau hydrique, si un chien va réguler fortement sa prise d'eau en fonction de ce qu'il mange (augmentation importante avec des aliments secs), le chat, lui va rester assez constant dans sa consommation et il risque donc des constipations ou un syndrome urologique félin (SUF) mais j'y reviendrai plus loin. De plus, tout comme pour la nourriture, le goût aura une influence, c'est ainsi qu'il n'est pas rare de voir en consultation des propriétaires qui pensent que leur chat ne boit pas car il n'a pas vidé le bol d'eau minérale qu'il a reçu, alors qu'en fait il s'est goulûment abreuvé d'eau de pluie lors d'une escapade dans le jardin. En ce qui concerne le lait, la question qui revient souvent est faut-il en donner ou pas ? A ce sujet, la réponse est claire, un chat peut très bien vivre en buvant uniquement de l'eau. Maintenant, si vous souhaitez en donner, il faut savoir qu'il vaut mieux utiliser les berlingots de lait spéciaux pour les chats vendus dans le commerce ou en pharmacie dans certains pays car de nombreux chats ont un problème de lactase qui est l'enzyme qui permet de digérer le lactose très présent dans le lait de vache ce qui va conduire à des troubles digestifs (diarrhée, etc...), voir à ce sujet la page suivante : Peut-on donner du lait à un chat ?
De manière générale, il peut recevoir principalement trois types d'alimentation (l'idéal est d'en choisir une et de ne pas faire de mélanges) :
- l'aliment humide : très appétant, équilibré si c'est une marque connue et il a une teneur en eau élevée mais il est coûteux et sa conservation est courte une fois mis en contact avec l'air. De plus, il y a un risque de diarrhée s'il est de mauvaise qualité.

- l'aliment sec : bonne conservation, action abrasive sur les dents, équilibré si croquettes de qualité, pas très cher mais risque de constipation et de SUF. Appétance variable.

- la ration ménagère : très appétante et proche de la nourriture naturelle. Mais assez chère, triage possible par le chat et difficile à préparer car il faut bien doser chacun de composants. Pour la viande, on peut donner du poulet, de l'agneau, du dindonneau, du lapin, etc.... Pour les féculents, le mieux c'est le riz et les pâtes (mais attention pas en excès car le chat est adapté à des régimes à très faible teneur en hydrates de carbone) et comme légumes, des légumes verts (par exemple des haricots) et des carottes. Il faut aussi y ajouter de l'huile végétale (maïs, tournesol ou olive) et un peu de carbonate de calcium. Eviter l'huile de foie de morue à cause de l'hypervitaminose D possible. Je ne donne pas les doses précises de chacun de composants car il faut les calculer pour chaque chat en tenant en plus compte de son activité !

Si un chat mange de l'herbe, c'est par instinct et ça permet de faciliter le transit intestinal et d'éliminer les boules formées par les poils ingurgités lors de sa toilette. Par contre, contrairement à une idée reçue, elle ne permet pas d'éliminer les vers et ne remplace donc pas le vermifuge. Le mieux est de le laisser faire, à condition qu'elle ne soit pas trop sèche (irritation possible), ni traitée (insecticide, engrais, etc...) et bien évidemment que ce soit de l'herbe et pas une autre plante. De plus, d'après des études récentes, il semble que le fait d'en manger a la fonction suivante : le chat la mâchouille pour y puiser une substance chimique, l'acide folique, qui joue un rôle important dans sa production d'hémoglobine. Les boules de poils peuvent provoquer des irritations de l'estomac et des constipations qui peuvent devenir graves. En appartement le meilleur moyen est d'utiliser des "pâtes pour lutter contre les boules de poils" en vente dans les commerces et qui en plus contiennent des vitamines. On peut aussi utiliser de "l'herbe à chat" à ne pas confondre avec la cataire (herbe aux chats) qui a des vertus agréables chez certains félins (probablement liées à l'hérédité) mais c'est une autre histoire.
Il me semble aussi nécessaire d'aborder le rôle des acides aminés, des minéraux, des oligo-éléments et des vitamines :
Pour commencer, il est essentiel que le chat reçoive une nourriture pour chat et pas pour chien. Pourquoi ? A cause de la taurine (nécessaire à la formation des sels biliaires, au fonctionnement du coeur, de la vue et du système reproducteur) qui est synthétisée par le chat mais la plupart du temps en quantité insuffisante. Il doit donc la trouver dans la viande et dans les aliments pour chats (humide ou sec) qui en contiennent beaucoup plus que l'alimentation pour chiens car eux ils la fabriquent en quantité suffisante.

Un manque provoque :

- Une dégénérescence centrale de la rétine pouvant mener à la cécité.

- Une cardiomyopathie dilatée.

- Des troubles de la reproduction chez la femelle : avortements, croissances ralenties, troubles nerveux, etc...

- Une baisse de l'immunité.

Ensuite, d'autres éléments sont très importants :

- l'arginine : un seul repas qui n'en contient pas peut empêcher la transformation du NH3 en urée avec salivation, ataxie, troubles digestifs, etc...

- les acides aminés souffrés (méthionine et cystéine) : pour synthétiser les poils, pour la croissance du chaton et pour fabriquer la félinine (marquage urinaire).

- le calcium : un excès provoque une alcalinisation des urines (SUF). Une carence chez le chaton conduit à des troubles du développement du squelette.

- le magnésium (Mg) : s'il y en a trop dans la ration, il y a risque de formation de calculs de struvite (le coeur de boeuf provoque un doublement du Mg dans les urines).

- le potassium (K) : 50% des chats qui souffrent de problèmes rénaux (surtout chats âgés) en manqueraient ce qui peut se manifester par une faiblesse musculaire généralisée d'où l'importance de bien donner une alimentation adaptée à l'âge !

- le manganèse (Mn) : s'il y en a trop, le pelage s'assombrit.

- la vitamine A : même s'il a besoin d'un apport élevé de cette vitamine sous forme active car il ne sait pas utiliser les carotènes végétaux, il ne faut pas oublier qu'il la stocke abondamment au niveau du rein et qu'un excès (par exemple chez un chat nourri principalement avec du foie) conduit à de la spondylose ankylosante et à de la gingivite chez l'adulte et à des exostoses chez le chaton en croissance.

- la vitamine B1 : attention à la consommation excessive de têtes et de viscères de poissons crus riches en thiaminases ce qui induit une carence en B1 avec flexion de la tête et du cou (maladie de Chastek).
Le syndrôme urologique félin (SUF) :
Il regroupe un ensemble de troubles urinaires : cystite, calculs, hématurie (présence de sang dans les urines), etc...

Les mâles sont plus susceptibles d'avoir des calculs avec obstruction que les femelles car l'urètre est plus long et plus étroit. Chez ces dernières on constate plus une cystite avec hématurie et pollakiurie. Un chat mâle qui mange des croquettes a plus de chance d'en avoir qu'avec des boîtes car les aliments secs augmentent le PH et surtout le chat reçoit 20% de MS en plus ce qui augmente l'apport de magnésium qui sert à la composition des struvites (calculs phosphates ammoniaco-magnésiens). Les phosphates et l'ammonium proviennent eux d'un régime riche en protéines. S'il est castré, il est souvent plus sédentaire et plus "gros" et il urine moins souvent ce qui favorise la précipitation des calculs. Le tout étant compliqué par le fait que le chat reçoit moins d'eau par sa nourriture ce qui diminue le volume de l'urine. Heureusement, il existe en vente chez les vétérinaires des aliments équilibrés qui permettent d'éviter ce phénomène.

En conclusion, nourrir un chat demande une attention toute particulière car son équilibre est fortement influencé par son alimentation et sa consommation d'eau...

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Texte mis à jour en juin 2008.
 
 
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Vétérinaire Maindiaux Andy
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